BISOUS - Bourgogne Franche-Comté Initiative Solidarité

Atelier d'écriture au Rézo'Fêt'Art - Dijon - Samedi 4 mars 2023

Atelier écriture au Rézo’Fêt’Art

Samedi 4 mars 2023

 

 

« Que voyez-vous quand vous regardez la mer ? »

 

 

295072480_8103129353061913_2652382031614939914_n

 

 

A la base de l’atelier-écriture de ce jour, c’est d’abord un roman de Pascal Marchand – Editions du Lys Bleu

 

 

C'était aussi ce jour-là une question :

 

Que voyez-vous quand vous regardez la mer ?

 

Le début de voyage littéraire a fait traverser les territoires maritimes de Natacha Appanah, Victor Hugo, Romain Gary, Gandhi, Pablo Neruda, Luis Sepulveda, Alain Bosquet, Olivier de Kersauzon, Arthur Rimbaud, Alessandro Barrico, Antoine de Saint-Exupéry, André Malraux, Chateaubriand, Jules Renard et quelques autres, des auteurs qui ont évoqué la mer et l’océan au travers du rêve et de l’infini, en passant par les abysses des combats intérieurs, du passé englouti et de la douleur, des luttes de peuples iliens, de peuples opprimés plus généralement. La mer et l’océan sont les théâtres vivants des contradictions, des espoirs et des fuites, de l’utopie et de la création.

 

Ce fut au tour des participants à l’atelier de poser leurs mots en guise de réponse à la question.

 

Que voyez-vous quand vous regardez la mer ?

 

L’un s‘est personnifié à cet être d’eau…

 

« Je suis née là-haut, juste gouttelettes ensemble soutenues par le vent. Et voilà que je chute. Ni peur, ni envie. Juste, je tombe. L’impact de ma descente sur la feuille est noyé dans le bruit de nos sœurs. Mon arrivée dans le ruisseau n’en fera pas moins. Je gèle et je glisse. Sans but, j’erre. Je suis déjà éduquée par le petit chemin où nous sommes déjà nombreuses. Je suis le groupe et pourtant je suis unique. Le chemin gonfle et notre nombre aussi. Nous voici légion et nous nous nommons rivière. J’oscille entre le fond et la surface. Me voici ralentie, nous sommes devenues lac. A peine le temps de me décharger de ces émotions  et de quelques alluvions, et nous revoici parties en cascade.

Nous devenons fleuve et tellement nombreuses que nous pourrions être conscience. Un goût de sel m’envahit. Me voilà une goutte d’eau de mer… » 

(Texte de Christophe Seguin)

 

Les autres textes résonnent en écho à celui-ci…

 

« C’est magnifique, grandiose. Pour moi, la mer est mystérieuse. Le calme, le bruite du silence, et au fond, et derrière tout ça, personne ne peut répondre. Ces poissons et ces géants des mers… Enfin pour finir en nageant, la mer est très très belle avec ses vagues. »

(Texte de M. Le Bail)

 

« Ciel et mer s’entremêlent, se regardent amoureusement, en contemplant les nuages. Vent et marées se lient pour caresser les rêves de chacun. Les couleurs se reflètent pour se donner et se diluer, pour que cette âme enfin révélée puisse se déployer et se libérer de ce rivage. »

(Texte de Jeffrey)

 

« Quand je regarde la mer, je vois d’abord son immensité. Mon regard se perd vers l’horizon inaccessible. Ses couleurs chaudes et irisées de fin de journée m’apportent une incroyable sérénité. Le va-et-vient des bateaux accompagnés du vol et de chants d’oiseaux m’entraînent vers d’autres contrées, d’autres possibles. Les ports en sont leur berceau, leur refuge réconfortant. Quand je regarde la mer, c’est un voyage des cinq sens, embruns, parfums, reflets ou, s’allongeant langoureusement sur le sable, promesse d’un bon repas de poissons et crustacés.

Mer, ta présence m’apaise. J’ai besoin de toi pour me sentir vivante. »

(Texte de Marlène Savignard)

 

« Je préfère l’imaginer chaude et douce. Ses vagues apaisantes, sa douceur dans le vent, son rythme écumant. Elle siffle sa chanson. Elle se laisse aller, se répandre, agir, envahir, exister, chanter, gronder quand ça l’enchante. Là-même si elle me fait peur, je ressens sa puissance. »

(Texte de Christine Lazzerini)

 

« Devant la mer, je n’ai pas de mots. La beauté, l’infini bleu, l’horizon à perte de vue me renvoient à un passé, un présent et un avenir qui se mêlent comme une bobine de fil sans commencement ni fin. Par où commencer ? Pas assez d’une vie pour terminer cette œuvre qui est celle d’une éternité.  Où aller ? Peut-être biaiser par des chemins de traverse et se retrouver devant une multiplicité de possibles. Comment terminer ? Seul face à un océan, avant de plonger dans le rêve qu’est l’éternité. »

(Texte de Sylvain Escalier)

 

L’atelier s’est achevé par la lecture de quelques extraits du livre dont celui-ci, un passage où l’écrivain, personnage principal du roman, s’installe près du phare pour écrire :

 

« Pablo s’est installé près du phare à l’extrémité ouest de l’île, à quelques centaines de mètres de sa petite maison. Devant lui, c’est l’immensité océane et le vent qui sculpte l’eau. Sa main déroule le fil incertain d’une histoire sur un petit carnet. Aujourd’hui Pablo a décidé de laisser l’ordinateur au repos. Retrouver le bonheur de l’encre sur le papier. Le temps primal de l’écriture avec ses imperfections, ses ratures. La calligraphie rapide et irrégulière. Il note chaque vision qui lui traverse l’esprit. Des choses qui n’ont pas de sens à priori. Un jeu sans but. Dans cette nature dont il s’imprègne, il laisse voguer l’improbable. Quelquefois ce ne sont que des mots simples. Parfois des phrases entières dont la sonorité sonne bien à l’oreille. Le plus souvent ce sont des expressions formées de quatre ou cinq mots maximum. Un écheveau étrange qui évoque le passé, un continent lointain peuplé de fantômes. Les sons de cet univers nouveau. Le miracle d’une minuscule terre émergée dans le pari insensé d’affronter le territoire sans limites des profondeurs marines. Les pages du carnet se remplissent d’images et de métaphores. De réalités brutes comme des portes vers l’imaginaire. Un chalutier croise au large, trainant derrière lui une nuée de mouettes affamées. Le chant criard des oiseaux de mer au-dessus du sillage de l’écume, sur fond de houle bleue et grise. Un tableau vivant. La vie offre parfois des moments de grâce, déconnectés du rythme du monde. Les images s’engouffrent goulûment dans les pupilles dilatées de Pablo comme les notes d’un concerto de l’eau et du vent. Il croit surprendre un bérimbau marquer les battements du cœur. Le paysage se fait conteur d’histoires qui réveille les sens. Pablo discerne les rugissements de l’océan. Il entend la puissance immobile du phare, gardien de pierre silencieux et impassible. Il touche de sa peau le mouvement perpétuel de l’alizé, l’humeur changeante des dépressions du nord qui viennent affronter les douceurs salines du sud dans l’ébullition et la fièvre. Il hume la beauté des couleurs qui se mêlent et se transforment avant de disparaître. Il goûte la saveur de l’immensément grand par lequel il rejoint le monde des étoiles, l’après-nuage, l’univers des forces apaisées. Il se fait fourmi dans le monde des titans. Alors, il retrouve le repos. Ses mains fonctionnent presque en autonomie. Le stylo noircit les pages entières avec l’évidence des idées qui s’enchaînent comme des sœurs réunies après une longue séparation. Il a le temps. »

 

Et vous qui lisez ces lignes,

 

Que voyez-vous quand vous regardez la mer ?

 



08/03/2023
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi